De Paris à Shanghai  : récit d’un semestre à l’étranger

Récit transmis par Steve  

Choix de la destination et préparation au départ  

Dès le début de ma première année de master, j’ai fait le choix de partir à l’étranger. Spécialisé en histoire coloniale française, et plus particulièrement dans les relations entre l’Afrique et l’Asie, je tenais à découvrir ces régions directement sur le terrain.

Mon cursus étant centré sur l’Asie, plusieurs destinations étaient envisageables : la Chine, la Corée, ou encore le Japon. J’ai finalement décidé d’aller en Chine, avec le double objectif d’y mener mes recherches et d’apprendre la langue sur place. Le chinois est aujourd’hui une langue internationale, utile dans de nombreux domaines, et il me semblait pertinent de l’étudier dans un cadre d’immersion totale.

Ce séjour constituait ma première expérience en Chine. Sans attentes précises, je souhaitais avant tout découvrir un pays riche en histoire et en culture. Des amis, installés à Shanghai, m’ont recommandé l’East China Normal University (ECNU), réputée pour la qualité de son enseignement. Le choix s’est donc imposé naturellement, en tenant compte de la renommée de l’établissement et de ses offres en matière d’apprentissage linguistique.  

Premiers pas et intégration universitaire

 Je suis arrivé à Shanghai deux semaines avant le début des cours, ce que je recommande vivement. Cette période m’a permis d’effectuer les démarches essentielles : ouverture d’un compte bancaire, souscription d’un forfait mobile local, adaptation au décalage horaire et familiarisation avec les applications chinoises indispensables comme Wechat ou Alipay. Le coût de la vie à Shanghai reste inférieur à celui de la France, mais cette différence peut aussi entrainer des dépenses excessives. Il est donc important de s’adapter aux prix locaux et d’encadrer ses dépenses quotidiennes.  

Le campus de l’ECNU m’a tout de suite impressionné : vaste, arboré, bien entretenu, il dispose d’équipements sportifs, culturels et pratiques en grand nombre. La bibliothèque, accessible tous les jours sur de larges plages horaires, a été un lieu essentiel pour mon travail personnel.  

Un cadre exigeant et enrichissant

 Les étudiants internationaux suivent le Global China Program (GCP) qui comprend :

• des cours intensifs de chinois tous les matins de la semaine ;
• plusieurs enseignements thématiques en anglais l’après-midi au choix (China and World Economy, Chinese Civilization, Understanding China with Data, History of Modern China).

L’évaluation repose sur la participation, les exposés, la régularité, ainsi que des examens intermédiaires et finaux. Bien que le programme puisse paraître exigeant, les enseignants sont bienveillants et disponibles pour nous aider.

Parmi les cours de l’après-midi, China and World Economy m’a particulièrement marqué. Ne suivant initialement pas de cours d’économie, l’accessibilité de celui-ci m’a agréablement surpris. Les discussions sur les relations de la Chine avec les autres pays, nourries par les points de vue d’étudiants venus du monde entier, ont donné au cours une dimension réellement internationale.  

Une immersion culturelle et linguistique

Avant mon départ, j’avais déjà atteint un niveau C1 en anglais. Mon séjour m’a permis de gagner en fluidité, en précision lexicale et en compréhension orale. En chinois, je suis passé d’un niveau A1 à un niveau proche de B1/B2, grâce à l’intensité des cours et à la pratique quotidienne. J’ai pu voyager seul dans le Guangdong dans le cadre de mon mémoire, interagir avec les habitants, et gérer certaines démarches administratives sans assistance.

Mes déplacements dans différentes villes chinoises m’ont permis de percevoir non seulement les contrastes culturels entre la Chine et la France, mais aussi entre les provinces chinoises elles-mêmes. Dans les régions moins touristiques, les échanges sont souvent plus spontanés et chaleureux. À l’inverse, Shanghai se rapproche, par son rythme de vie, des grandes métropoles occidentales.  

De l’expérience à l’astuce  

Cet échange m’a permis de renforcer mes compétences linguistiques, mon autonomie et ma capacité d’adaptation. Il m’a également aidé à structurer mon travail, à mieux gérer mon emploi du temps, et à maintenir un rythme soutenu dans un environnement exigeant.

Mon objectif étant de préparer l’agrégation d’histoire, puis de poursuivre en doctorat sur les relations entre l’Afrique et l’Asie à l’époque coloniale, ce séjour a conforté ma vocation. Il m’a donné des outils méthodologiques concrets, une meilleure connaissance du terrain et surtout l’envie de revenir en Chine pour approfondir mes recherches.

Si je devais revivre cette expérience, je chercherais simplement à consacrer plus de temps aux voyages en dehors de Shanghai. Un semestre passe vite et le territoire chinois est immense. Découvrir d’autres régions permet de mieux saisir la richesse de sa diversité culturelle.

Je recommande vivement cette destination aux étudiants curieux, rigoureux et désireux de sortir de leur zone de confort. Quelques conseils pratiques que je peux donner.

• Bien préparer son arrivée : s’informer via les réseaux sociaux, visionner les vidéos de créateurs vivant en Chine, poser des questions en amont… Ces sources m’ont aidé à m’adapter beaucoup plus rapidement à la vie en Chine.
• Conserver une discipline académique : le rythme est exigeant, mais largement tenable à condition de rester sérieux et assidu.
• Sortir du campus : organiser des voyages, fréquenter les lieux culturels, parler avec les habitants… Nos professeurs nous répétaient que c’est ainsi qu’on pouvait pleinement profiter de notre échange universitaire.  

L’ECNU offre un environnement académique de qualité. La ville de Shanghai est aussi dynamique que cosmopolite, et la Chine, bien qu’exigeante, est une destination marquante, tant sur le plan intellectuel qu’humain.  

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